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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 22:43

KHARTOUM — Un employé français de la Croix-Rouge a été enlevé jeudi dans l'ouest du Darfour, près de la frontière avec le Tchad, par un groupe inconnu d'hommes armés, confirmant le regain d'insécurité qui menace le personnel international dans cette région en guerre civile.

"Nous confirmons l'enlèvement de Gauthier Lefèvre, 35 ans, de nationalité française, sur la route à 40 kilomètres au Nord d'El-Geneina", la capitale de la province du Darfour-ouest, a affirmé à l'AFP Tamara al-Rifai, une responsable de la Croix-Rouge internationale (CICR) à Khartoum.

"Il est en bonne santé", a assuré à l'AFP Abdel Baqi Gilani, ministre d'Etat soudanais aux Affaires humanitaires.

Gauthier Lefèvre, qui travaille depuis 15 mois au Darfour et cinq ans au sein de la Croix-Rouge, rentrait d'une mission sur le terrain à la mi-journée jeudi dans un convoi formé de deux véhicules marqués du logo de la Croix-Rouge, a précisé l'organisation en exigeant la libération immédiate de l'otage.

Un petit groupe d'expatriés et d'employés soudanais de la Croix-Rouge voyageait avec lui, mais n'ont pas été enlevés. "Nous ne savons pas pourquoi ils l'ont choisi, lui", a dit Mme Rifai. Et "nous n'avons aucune indication sur les motifs ou l'identité des ravisseurs", a ajouté la responsable de la Croix-Rouge.

La France a réclamé jeudi soir "la libération inconditionnelle et immédiate" de Gauthier Lefèvre. "Je pense qu'il va être libéré rapidement" parce qu'il travaille pour la Croix-Rouge, a répondu le ministre soudanais précisant que cette organisation était "très respectée" par l'ensemble des groupes du Darfour.

Gauthier Lefèvre est le troisième humanitaire français kidnappé au Darfour depuis mars, et le seul otage de la Croix-Rouge dans cette vaste région en proie depuis six ans à la guerre civile.

Les autorités soudanaises ont qualifié de "bandits" les auteurs de ce rapt sans donner plus de précisions sur leur identité. "Toutes les prises d'otage, ce sont les tribus arabes" du Darfour qui les ont commises cette année, a déclaré à l'AFP un haut responsable de l'ONU sous le couvert de l'anonymat.

Il s'agit du cinquième enlèvement visant du personnel étranger depuis l'émission en mars d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar el-Béchir, accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

"Ce scénario (d'enlèvements) va se répéter. C'est pourquoi nous demandons aux ONG d'augmenter de façon intelligente la protection autour de leurs bureaux" (au Darfour), a ajouté le ministre Gilani.

Des membres de Médecins sans frontières (MSF) et de l'ONG française Aide médicale internationale (AMI) avaient été enlevés en mars et en avril puis libérés après avoir passé respectivement trois et 26 jours aux mains de leurs ravisseurs.

Les autorités soudanaises n'avaient pas sanctionné ou jugé les auteurs des deux premiers rapts qui avaient choqué la communauté des humanitaires, déjà touchée par l'expulsion de 13 ONG internationales dans la foulée du mandat d'arrêt de la CPI.

Deux humanitaires de l'ONG irlandaise Goal ont été libérées le week-end dernier après 107 jours de détention, alors que deux employés civils de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad) enlevés au mois d'août sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.

Les autorités soudanaises ont assuré que les ravisseurs dans ces cas et celui de la Croix-Rouge seront jugés. Ces prises d'otages ont modifié les modes opératoires des ONG au Darfour, qui ont réduit leurs déplacements dans les zones reculées et le temps passé sur le terrain.

La Croix-Rouge était la seule organisation internationale à opérer encore dans des zones très reculées du Darfour.

AFP
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