Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 12:44

Ces dernières années, la politique étrangère et les relations internationales ont  subi de grandes transformations. L’analyse des relations internationales du siècle actuel montre combien la politique étrangère classique basée uniquement sur la realpolitik dans un cadre étatique (entre Etats, par le biais de leurs représentant officiels) est inadaptée à l’activité diplomatique et internationale de notre époque.

 

Contrairement au passé, la diplomatie d’aujourd’hui revêt un aspect multidimensionnel où l’information, la communication et la réactivité constituent des atouts considérables. Dans ce contexte, la maîtrise des nouvelles technologies ainsi que des stratégies (professionnelles efficaces et créatives) et des outils de communication devient une nécessité vitale pour les diplomates et les politiques étrangères qu’ils sont appelés à mettre en œuvre, d’autant plus qu’ils opèrent dans un environnement qui bouge et se globalise sans cesse.

 

En outre, les intérêts, les enjeux et les défis se croisent, souvent dans une logique concurrentielle, voire conflictuelle. Ce qui implique qu’il faut du personnel capable de répondre efficacement, rapidement  et de manière productive à cette nouvelle dynamique du monde des relations internationales, au risque de se retrouver à courir derrière les autres sans pouvoir les rattraper.

 

Par ailleurs, différents acteurs non gouvernementaux (individus, société civile, ONG, acteurs du secteur privé, médias, multinationales, diverses institutions…) sont de plus en plus  impliqués dans le champ des relations internationales. Ce qui implique d’avoir une nouvelle perception de la scène diplomatique et surtout une certaine intelligence sociale aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des structures diplomatiques (consulats, ambassades, missions permanentes, ministère de tutelle).

 

Enfin, les affaires et la promotion du bien-être des citoyens deviennent de plus en plus des priorités dans les relations internationales. Aujourd’hui, la politique étrangère est mise au service de :

 

-         l’économie :  les affaires, les entreprises, les multinationales, la finance… ;

-         et de l’homme : lutte contre la pauvreté, les pandémies et la faim ; la promotion des droits humains et en particulier ceux des femmes et des enfants ; la protection de l’environnement ; la défense et la promotion des libertés… 

 

Dans ce contexte, il est compréhensible que les vieilles pratiques de placement des dinosaures, à travers des réseaux d’amitié ou d’affinité ainsi que les cercles d’influence et de compromission, sont à dépasser pour s’adapter aux exigences de la scène diplomatique d’aujourd’hui. Cette dernière appelle à impliquer davantage les jeunes générations pour huiler l’ancienne mécanique rouillée. Il ne s’agit pas de mettre en conflit les aînés et les cadets, mais de combiner de façon harmonieuse, intelligente, pertinente et efficace les compétences et les qualités des anciens et des jeunes, au regard de la dynamique diplomatique de nos jours. D’autant plus que la réalité démographique et le capital humain en Afrique en général, et au Tchad en particulier, a changé.

La population est principalement constituée des jeunes, et surtout des jeunes de plus en plus formés et mieux informés des réalités nationales et internationales ainsi que de leurs coulisses.

 

A titre indicatif, il n’est pas rare aujourd’hui de rencontrer de jeunes ambassadeurs trentenaires et quadragénaires à qui on confie la mission de représenter leurs pays dans d’autres pays ou sur la scène des relations internationales. Le Tchad d’aujourd’hui devrait s’en inspirer dans son agenda de recrutement et de placement de ses représentants diplomatiques ou dans l’activité internationale.

 

Le pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat dans le processus des nominations ne devrait pas sacrifier les compétences et les qualités qu’exigent les réalités diplomatiques et internationales de nos jours. Par ailleurs, le lien traditionnellement fait entre l’âge et la sagesse est de moins en moins prouvé aujourd’hui. Et dans certains cas, il y a des tchadiens plus intelligents, plus sages et plus professionnels malgré leur jeunesse. Le Tchad en a besoin, et le bon sens voudrait qu’ils intègrent le circuit des relations internationales pour que notre pays ne souffre pas, dans le futur, de rupture de renouvellement de son personnel diplomatique et des cadres en phase avec les réalités d’aujourd’hui.

 

Cependant, il est triste de constater que chaque fois qu’il y a des jeunes cadres qui essayent d’apporter une nouvelle visibilité à notre pays, et de participer à son développement, bon nombre de nos responsables ont peur pour leur place et tentent de les décourager de toute initiative innovatrice heureuse en fermant tout simplement les portes de nos institutions publiques.

 

Le temps des chèvres qui broutent là où elles sont attachées et qui jouent des cornes pour préserver leurs places, grâce aux amitiés et divers petits arrangements, est révolu au nom de l’intérêt général, du développement économique du Tchad et du bien-être des tchadiens qui sont les motifs légitimes et suprêmes de la gestion des affaires publiques en général et étrangères en particulier.

 

De grâce, que les décideurs politiques du Tchad fassent en sorte que l’immense majorité des tchadiens pauvres sur tous les plans, dans un  pays riche en ressources naturelles et humaines, puissent sortir des pièges de la misère. L’une des voies pour y arriver, c’est la réforme de la politique étrangère tchadienne et du recrutement du personnel public; les affaires étrangères sont devenues aujourd’hui l’un des leviers essentiels du développement socio-économique, culturel et politique de la plupart des pays du monde. Il est temps de se réveiller !

 

Talha Mahamat Allim

Partager cet article
Repost0

commentaires