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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 17:39

Nous n’avons cessé d’apporter notre part de contributions aux efforts de diverses personnes, soucieuses de l’avenir du Tchad, des efforts destinés à éclairer l’opinion tchadienne sur l’action diplomatique de notre pays pour lui permettre de mieux la situer dans le contexte de notre époque qui ne cesse de changer en posant de nouveaux défis et en créant de nouveaux enjeux.

 

Les acteurs se multiplient, avec des tendances et logiques le plus souvent contradictoires voire conflictuelles. En plus des gens du métier (diplomates, hauts fonctionnaires…), de nombreux intervenants participent ou réclament le droit de participer à la gestion des affaires du monde : société civile, ONG, multinationales, mouvements sociaux, etc. Des nouvelles préoccupations naissent et se transforment au gré des rapports de forces, des alliances et des circonstances.

 

Cela appelle non seulement à repenser l’organisation et le fonctionnement du système diplomatique tchadien mais aussi à redéfinir en permanence notre politique étrangère pour s’adapter à l’évolution du contexte, au risque de ne pas tirer son épingle du jeu international et de jouer de la figuration en dilapidant les richesses du pays sur le dos des tchadiens.

 

La problématique de la politique étrangère peut être questionnée et débattue pour en dégager une vision consensuelle tchadienne du monde et du Tchad qui structurerait toutes les actions qui engagent l’avenir de notre pays. Et l’espace le mieux indiqué pour ce genre de questionnement et de débat est en premier lieu la conférence des ambassadeurs et consuls, car elle permet la rencontre de tous les acteurs, experts et techniciens des questions diplomatiques, sous la houlette des hautes autorités du pays qui détiennent le pouvoir de décision et dont la volonté politique est un préalable pour que tout changement dans la vision diplomatique  puisse se traduire concrètement sur le terrain.

 

La conférence des ambassadeurs et consuls offre aux participants l’opportunité d’un échange approfondi sur des questions touchant à leur métier ainsi que sur l’orientation de la politique étrangère et les questions centrales de l’organisation et du fonctionnement du ministère des affaires étrangères. Discussions, ateliers, séminaires ou groupes de travail permettent en principe d’aborder divers sujets. Cette conférence permet non seulement d’échanger autour des défis et enjeux des relations internationales mais aussi d’entrer en contact profond avec les réalités de leur pays ; l’enjeu ultime étant le développement et le rayonnement de ce dernier. Et au terme de cette conférence, des directives sont prises pour consolider ce qui le nécessite ou pour réorienter ce qui l’exige.

 

De notre point de vue, la politique étrangère du Tchad doit clarifier son idéologie, ses valeurs et ses principes d’action ; l’ensemble doit être structuré en un  tout cohérent et accompagné, dans la pratique, de moyens intellectuels, éthiques, professionnels, matériels et financiers à la hauteur de ses ambitions.

 

Cette politique doit être mise en œuvre dans un cadre organisationnel et fonctionnel adapté non seulement à cette idéologie, ces valeurs et principes mais aussi aux défis et enjeux nationaux, régionaux et internationaux. Ce qui n’est pas le cas actuellement, au regard de l’organigramme et du fonctionnement de certaines structures du ministère des affaires étrangères qui sont créées plus pour des personnes spécifiques que pour atteindre des objectifs de la politique étrangère : des postes créés comme des costumes sur mesure juste pour caser certaines personnes.

 

Il est impératif de garder à l’esprit, comme le disait le président sénégalais Abdoulaye Wade, que le métier de diplomate est devenu pluriel et exige en même temps un sens aiguisé d'initiative, d'anticipation, de créativité et de réactivité aux événements. De ce fait, le diplomate doit sans cesse s’adapter aux nouveaux enjeux par des actions novatrices, avec abnégation, habileté et professionnalisme.

 

Pour le succès de notre politique étrangère, aussi bien en terme de développement que d’image et de rapports de force sur la scène internationale, il est d’une part opportun que nos ambassades et consulats soient redéployés, voire regroupés ou redéfinis, selon des critères géopolitiques, stratégiques, de participation au développement et au rayonnement de l’image du Tchad. D’autre part, une coordination renforcée de notre politique étrangère s’avère nécessaire.

 

Par ailleurs,  le réseau de partenariat, d’amitié et de coopération du Tchad mérite d’être repensé, densifié et surtout diversifié en fonction de ses intérêts présents et futurs. Enfin, des mesures sont nécessaires pour améliorer les conditions de vie et de travail des agents diplomatiques et de l’administration centrale. A leur tour, ces derniers doivent contribuer concrètement à des acquis dans les divers domaines vitaux pour notre pays.

 

Autant de grains à moudre pour tous les intervenants dans le système diplomatique tchadien et plus particulièrement pour la commission des affaires étrangères de l’assemblée nationale. Au regard de l’état actuel des choses, on est en droit de s’interroger sur la raison d’être de cette commission et surtout sur ce qu’elle fait en réalité. Le même regard peut être porté sur la classe politique en général, et plus spécifiquement l’opposition démocratique, puisque on ne les entend pas exprimer ou défendre une quelconque vision diplomatique et de politique étrangère souhaitée et souhaitable pour le Tchad, cohérente et adaptée aux circonstances actuelles et à l’évolution du monde.

 

Dans le même ordre d’idée, on peut s’interroger aussi sur l’attitude des ambassadeurs et consuls et surtout sur leur marge d’action puisqu’il fait des années qu’il n’y a pas eu de nouvelle conférence des ambassadeurs et consuls alors que c’est un outil aux potentialités multiples comme nous l’avons sommairement mis en évidence en haut. Et d’ailleurs, au vu des atouts possibles de cette conférence et le contexte évolutif exigeant une adaptation permanente, il est nécessaire de tenir régulièrement ce genre de conférence, de l’améliorer dans la forme et le fond pour en faire non seulement un espace de concertation, d’échange et de partage mais surtout un outil productif pour le Tchad dans tous ses aspects.

 

Il serait fâcheux d’attendre que les malheurs s’accentuent pour penser aux redressements. Ce qu’il faut changer avant tout, c’est la mentalité, la façon d’aborder les problèmes. Et pour cela, il faut conscientiser ceux qui, par découragement, en sont arrivés à faire du pessimisme leur vertu.  Il en va de même pour ceux qui se cachent derrière les symboles de leur fonction publique pour assouvir leur égoïsme et flatter leur orgueil qui les rendent allergiques aux critiques quelle que soit leur valeur constructive.

 

 

Malgré le tableau quelque peu reluisant que nous avons brossé, ne nous laissons pas piéger par le désespoir face à l’inertie apparente du système ; laissons-nous guider par la volonté de l’espoir. Nous ne doutons pas de la compétence du ministre des affaires étrangères, de son secrétaire général ainsi que de certains cadres dudit ministère et acteurs du système diplomatique tchadien ; mais nous pensons qu’ils sont pris en otage par des réseaux et anciennes habitudes entretenus par des groupuscules de l’ombre qui se soutiennent dans leurs intérêts par toutes sortes de moyens.

 

Ainsi, une connaissance appropriée des enjeux et une mobilisation consensuelle et en commun d’efforts pragmatiques, dans le respect des exigences éthiques, peuvent susciter l’émergence d’une nouvelle gouvernance diplomatique au  service du développement du Tchad.

 

Talha Mahamat Allim
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